Après nos expériences incroyables et nourrissantes en Bolivie, nous voulions passer retrouver Yoan, un ami à Anthony, à Florianopolis où il vit et pratique l’ostéopathie depuis près de 3 ans. C’est la première fois en 8 mois que nous partons dans un pays avec une date précise de sortie. Deux semaines donc pour s’accorder un moment de pause, de vacances dans le voyage.

L’occasion pour nous aussi de retrouver un peu de familiarité émotionnelle et expérientielle, de poser nos affaires dans un appartement cosy et retrouver le plaisir de cuisiner et de partager de long repas à discuter et refaire le monde, jouer aux cartes, se raconter nos vies et s’étonner des richesses de cette vie, du pouvoir de l’humain, de la force des éléments. Un moment pour pauser l’énergie et faire un point d’étape pour lancer une nouvelle dynamique dans notre voyage et se préparer à vivre sa seconde moitié.

La familiarité avec la France se retrouve assez rapidement, lors d’un covoiturage de plus de 11h pour rallier Sao Paulo à Florianopolis, soit une infime partie du pays qui correspond chez nous à aller de Nice à Dunkerque…Des Carrefours, des Decathlon, des Leroy Merlin sur le chemin, une vraie autoroute, Blablacar. Un gout de chez nous dans un cadre exotique. Le conducteur est en fait un Uber déguisé qui fait le trajet avec sa voiture GPL pour gagner de l’argent et livrer des colis. 11h d’un même CD qui tourne en boucle, de conduite approximative et de barrière de la langue difficile à franchir. Nous prenons le pont pour rejoindre l’île et Yoan, devant chez lui, nous accueille avec sa chaleur naturelle. Nous voilà à la maison.

Nous découvrons assez rapidement sa vie ici, sur ce coin de paradis envié par tous les Brésiliens qui viennent ici pour se ressourcer pendant les vacances. Un tour en centre-ville pour assister à un concert de Samba, découvrir une spécialité culinaire brésilienne, la feijoada, et ressentir l’alternative politique des gens de l’île : « Fora Bolsonaro » scandé entre deux musiques et inscrits sur les tee-shirts et les masques. Si l’ile est gouvernée par une politique de droite, conservatrice, les mentalités de Floripa apparaissent pourtant libres et ouvertes.

Une caïpirinha piment-fraise à la main, on se laisse emporter doucement par l’énergie du chanteur italien et celle d’un vieillard qui lance les premiers pas. Vêtu d’un beau chapeau, d’un superbe veston rouge et de chaussures blanches et bien vernies, il nous dit que les gens l’appellent le « sozinho », soit « le petit tout seul » avant de nous montrer son masque favori qu’il garde dans sa poche pour ne pas le salir. Il en porte un autre mais nous devinons tout de même son beau sourire, heureux d’être là, de danser sur les rythmes qu’il aime et d’être admiré par tout ces gens attablés. Très vite, ils seront nombreux à se lever pour danser avec lui dans cette rue étroite, les cinquantenaires perchées sur des talons aiguilles, les jeunes bohèmes, les anti-bolso…

Pour nous imprégner plus facilement dans cette douceur de vivre florianopolitana, nous avions loué un petit scooter. Notre bolide a ainsi pu nous transporter presque chaque jour dans une salle de squash, de quoi nous rappeler une fois de plus la maison. C’est en sortant de notre 2ème séance, sur le parking, que l’on tombe nez-à-nez avec une bande de ouistitis ! Premier contact avec la nature brésilienne !

Cela fait plus de 8 mois que nous voyageons dans l’hémisphère sud et il faut accepter que les saisons, moins contrastées que chez nous, changent elles-aussi. Dés qu’il fait beau, nous en profitons pour aller explorer l’île, tantôt au Sud, tantôt au Nord. Nous traversons les villages de pêcheurs et ceux des surfers, les petites favelas et les quartiers des gens fortunés, de grandes étendues de sable fin animées par les vagues et de petites plages en galets donnant l’impression d’un bord de lac. Tout comme le rythme de notre deux-roues, les choses semblent se passer dans une parfaite tranquillité sur l’île. Alors on regarde les gens faire : il y a ceux qui vident les filets remplis de quelques tainhas, il y a les petits et les grands qui profitent du moindre courant d’air pour faire voler un bout de papier accroché à une ficelle, il y a celles qui font dribler le ballon avant de le refaire passer, il y a les vieux qui jouent à un jeu de boules ressemblant à la pétanque sur une fine bande de sable oubliée par la mer…

Les sentiers de randonnée que nous empruntons sont à l’image de la philosophie florianopolitana : elles font progresser en douceur, nous offrent des spots privilégiés appelant à la contemplation et à la respiration, nous rend humbles face à l’immensité des forêts et de l’océan, nous amusent avec ses passages atrophiés, caillouteux, glissants, nous récompensent avec ses vagues revigorantes et ses vues de caractère…

Lorsque nous retournons sur les plages aux abords des villages, nous sommes impressionnés par l’activité principale des habitants : le sport. Ils courent, ils surfent, ils skatent, ils dansent, ils font du foot, du beach-volley, de la musculation à se qu’ils appellent l’academia. Nous avons également découvert le beach-tennis en nous rendant au tournoi auquel participait Yoan. En plus de l’encourager, nous avons pu admirer le panel de profils différents se rencontrant dans la compétition : des ados, des plus âgés et des biens plus âgés, des hommes et des femmes, des musclés et des un peu moins musclés, des petits et des grands… Chacun semble avoir une force et des atouts pour se défendre. L’ambiance du tournoi et les actions de matchs ont rendu facilement compréhensible cet engouement national mais aussi mondial pour ce sport.  

L’attrait pour le sport en général chez les habitants de Floripa vient probablement pardonner leur alimentation qui a tendance à être très riche et en très grande quantité. Grâce à nos hôtes, nous avons adoré déguster le caldo de cana, les pastéis aux crevettes, les crêpes au tapioca, la paçoquinha… mais il nous restait un défi culinaire : le churrasco. Véritable institution dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et au Portugal, nous avions réussi à éviter les grillades en Bolivie étant tous deux de plus en plus difficile avec la viande et d’autant plus durant le voyage. Ici, tous les habitants sont dotés d’un barbecue, parfois même à l’intérieur de la maison ! Toute l’année, les Brésiliens dégustent leurs viandes, principalement du porc, plusieurs fois par semaine. C’est chez Yurri, un ami de Yoan et Viviane, sa lumineuse et hyperactive chérie, qu’on a tenté l’expérience. En entrant dans la maison atypique, on constate que les braises sont déjà chaudes dans le four en pierre. De gros morceaux de viande entourés de gras n’attendent que de se faire rôtir. Un peu de sel et un peu de patience suffiront pour nous faire saliver face aux fines tranches de bœuf couper par Yurri directement sur la table en bois en face des braises. On y ajoute un peu de sauce piquante tout en alternant avec un morceau de pain au fromage lui aussi retiré du feu et nous ne pouvons que nous réconcilier avec la viande ! Un moment de convivialité qui nous réconforte dans notre frustration de ne pas pouvoir communiquer comme on le souhaiterai avec les Brésiliens rencontrés.

La grande majorité ne parle ni espagnol, ni anglais… et encore moins français. Bien qu’ils nous disent souvent pouvoir comprendre l’espagnol, ils ne peuvent pas nous répondre dans la même langue ! Nous nous amusons à comparer le portugais à l’espagnol et au français et à retenir des mots ou des expressions mais rien ne nous permettant d’avoir une conversation fluide et poussée. On se retrouve alors dans des soirées à regarder les gens parler, surement bizarrement d’ailleurs parce qu’on se concentre sur les mots que l’on pourrait reconnaitre, on sourit un peu bêtement, on trinque, on colporte nos énergies et on observe et écoute plus que l’on parle.

Deux semaines donc où l’on avait planifié des choses que nous ne ferons finalement pas tellement le temps et l’énergie était orientés dans une direction différente : se laisser aller au rythme d’une île, portés par l’énergie et les vies de nos hôtes. Nous prendrons donc un cap différent de celui prévu, justement pour amorcer l’inconnu de notre seconde partie de voyage, augmentés de quelques discussions, inspirés par la nature et comme toujours porté par le plaisir simple de pas savoir vraiment où aller, sinon encore plus près de nos aspirations profondes et de nos chemins de vies.

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Antho & Cris

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27 mai 2021 – 11 juin 2021