Après un mois au Guatemala nous reprenons la route pour le Mexique, cette fois pour remonter la Riviera Maya et rejoindre Cancun. La boucle sera bouclée. Mais impossible de traverser par le Belize pour rejoindre Bacalar. Si nous décidons d’y passer, nous avons l’obligation d’y rester minimum 3 jours et de loger dans des hôtels hors de prix choisis par le gouvernement pour lutter contre le Covid. Ces conditions sont absurdes et nous repoussent encore plus de l’idée de découvrir ce paradis fiscale singulier de l’Amérique Centrale, royaume du Commonwealth.

Nous nous résignons donc à faire un détour de plus de 7h de route pour contourner le Guatemala, par le Chiapas et rejoindre Bacalar. Un périple de près de 20h qui nous fera arriver  à 2h du matin sans hôtel réservé. Nous finirons par monter la tente en plein centre-ville, dans le parc de la Forteresse San Felipe construite en 1729 pour permettre aux conquistadors de lutter contre les attaques de pirates. Une nuit plutôt agréable puisque, à notre grande surprise, personne ne nous a réveillé le matin et nous avons pu nous réveiller sans urgence.

Nous finirons par trouver un hôtel-camping qui nous propose, dès le lendemain, d’aller gratuitement dans un balneario leur appartenant. Des hamacs, transats, balançoires dans l’eau et un petit restaurant nous permettront de passer 5h au bord de cette lagune tant réputée pour ses 7 nuances de bleu. Anthony profite de l’eau relativement basse et d’une température suffisamment chaude pour pratiquer encore sur Cristel le Wataflow. Intriguées et intéressées par l’approche, deux jeunes allemandes acceptent d’être cobayes à leur tour. Une pratique qui attire forcément la curiosité et facilite la pratique d’Anthony.

Le lendemain nous passons du temps dans deux cénotes. Le premier, celui de Cocalitos, est assez singulière car elle se trouve directement dans la lagune. Un eau turquoise paradisiaque et peu profonde qui devient un gouffre obscur de plusieurs dizaines de mètres. En raison de courant trop dangereux pour s’y rapprocher, nous profitons des hamacs dans l’eau pour se relaxer et nous prenons le temps d’observer les stromatolithes. Il s’agit de formations rocheuses calcaires d’origine biologique (de la vie les constitue) et sédimentaire (plusieurs sédiments sont emprisonnés dans les couches successives). Ce sont les formations biologiques les plus anciennes recensées sur Terre car elles vivent de façon presque stable depuis plus de 3,5 milliard d’années. Rares sont les endroits dans le monde où les observer.

A quelques mètres de là, nous rejoignons ensuite le cenote Azul par un petit sentier recommandé par le taxi, évitant l’entrée payante. Ce cenote est au milieu d’une petite forêt et ressemble fortement à un lac mais dont la profondeur est immédiate. Nous pénétrons dans cette eau enveloppante encerclés par les racines qui s’enfoncent dans ce gouffre infini.

Nous nous dirigeons le lendemain vers Tulum, connu pour son ambiance hippie-chic et touristique. Sa grande rue principale concentre une partie des restaurants et hôtels de la ville, tandis que la plage se situe à 8km du centre. Nous nous surprenons à apprécier l’énergie de la ville et nous décidons d’y rester 6 jours pour se poser et ralentir notre rythme pour préparer la suite de notre voyage.

Nous profitons d’être ici pour aller visiter une plage, celle d’Akumal, connue sur les blogs pour le lien privilégié qu’elle promet avec les tortues marines, actuellement dans leur phase de ponte. En arrivant sur place, nous sommes choqués. Les blogs que nous avions lu datent de plus de 2 ans et le site n’est plus qu’un énorme complexe touristique balisé, délimité qui ne permet de nager librement dans l’eau que sur une faible surface et réserve le reste pour les touristes près à payer 400 pesos (16euros) pour mettre un gilet de sauvetage et nager 10 minutes avec des tortues suivis de prés par leur guide. Même si la raison avancée est la préservation des tortues, par la régulation du nombre de personnes dans l’eau, tout cela ressemble quand même à une énorme usine à fric plus qu’a un centre de préservation des animaux marins. Nous finirons alors à quelques kilomètres de ce lieu, dans une plage délimitée de jungle et de trous dans le sable marquant les zones de ponte des tortues. Nous passerons donc la fin de la journée au soleil, à tenter de trouver quelque coraux vivants pour observer les poissons multicolores et laisser de côté le monde des humains.

C’est révoltant de voir dans cette ville et par extension dans le Yucatan, à quel point cet Etat est l’arrière cour tropicale des USA. Tout est fait pour les américains : les prix sont exorbitants, tout est payant, développé, balisé. Il existe seulement une plage publique sur ce littoral, pourtant énorme. Cette zone d’influence américaine détruit la nature au profit du capital, crée des besoins absolument inutiles, injecte de la drunk-food dans les estomacs des gens de passage et convertie subtilement les mexicains à leur mode de vie. Tout est argent, intérêt. La colonisation moderne se passe de bourreaux, de groupes de pression. L’imitation d’un système jouant sur les désirs les plus bas se passe de structure de pression. Il suffit de donner l’envie d’être comme eux et le tour est joué.

Même révoltés par ce fonctionnement, nous gardons toujours l’espoir d’un lieu, d’une connexion qui nous donnera l’altitude suffisante pour surpasser les constats faits. Et c’est ce qui se passera le soir même en rencontrant Melo, une amie proche de Ben. Elle est très intéressée par le Wataflow et souhaite avoir plus d’informations. Prétexte pour boire des coups et découvrir son mode de vie de digital nomad. Nous sommes rejoint par Clément et Liv, deux français rencontrés à Bacalar et par Robin, un ami à Melo. Nous resterons ainsi attablés pendant 4h à échanger sur la psycho-généalogie, la vie sur la route, le sport… Des discussions qui demandent prolongations : le RDV est donc pris deux jours plus tard pour une soirée tous ensemble.

Si nous sommes à Tulum c’est avant tout pour deux raisons : Anthony sait, par intuition, que c’est ici qu’il va pratiquer au maximum le Wataflow avant de quitter le Mexique et c’est surtout ici que nous devons expérimenter la plongée sous marine en cénote.

Nous avons donc RDV le lendemain avec Dive Tulum  pour rejoindre nos lieux de plongée. Cette fois-ci ce n’est pas en bateau que nous accèderons aux spots mais en 4×4, en cheminant dans la jungle basse. Sans même plonger, nous sommes déjà enchantés de cette singularité. Notre guide est un homme d’une soixantaine d’années, conservé par le soleil et une vie libre dans la nature. Se décrivant comme un pirate, comme beaucoup de personnes ici, vivant en marge de la société pseudo américaine, il plonge depuis plus de 30 ans et possède un lieu de repli dans la jungle pour s’éloigner de la société et se rapprocher de lui-même et de la nature.
C’est tellement réconfortant et passionnant de rencontrer des gens vivant pleinement leur vie sans se soucier des normes, des attentes sociales et suivant leur rêve. Une résonnance avec la vie que nous menons actuellement et connectée à celle à laquelle nous aspirons également : libre, simple, en lien avec la nature et avec la modeste volonté d’accompagner les autres dans leur passion, leur aspiration ou leur difficulté.

C’est Anthony qui commencera à plonger à 30m de profondeur dans un cenote faisant 60 mètre de profondeur. The Pit est une petite cavité de surface mais renfermant un gouffre énorme. La descente se fait à la lampe torche, le temps de contourner des monticules de roches empilées depuis le fond et finir par découvrir les faisceaux lumineux partant de la surface, 30m au dessus de lui, et plonger vers ce qui semble être l’infini. Quelle merveille, quelle chance de découvrir cet univers.

Cristel se joint ensuite à la palanquée pour découvrir Dos Ojos, un cenote peu profond permettant d’avoir un premier vrai contact avec la plongée en grotte. En effet, ce qui distingue une plongée en mer d’une plongée en cénote c’est que dans un réseau sous terrain, nous ne pouvons pas remonter directement à la surface, nous sommes dans des grottes obscures et nous devons rejoindre le point de mise à l’eau pour sortir. Un aspect technique qui décuple la peur mais aussi et surtout l’excitation. Nous suivons donc notre guide, lampe torche en main, sans perdre de vue le fil d’Ariane situé à un mètre en dessous et nous permettant de ne pas se perdre dans ces labyrinthes sous terrains.

L’ambiance est incroyable, nous sommes dans le noir, éclairés seulement pas nos lampes et nous découvrons une grotte aquatique nous révélant ainsi stalactites, stalagmites et quelques vestiges préhistorique (ossements, poterie…). Pendant 40 min nous cheminons ainsi dans ce labyrinthe de roche et d’eau dans un calme indescriptible. Nous sommes moins agités que dans la mer et l’eau douce, pure et sans sédiments, nous permet d’avoir une telle visibilité que nous oublions parfois que nous sommes dans l’eau… Au final nous aurons fait une pénétration de 20 minutes, signifiant que, au bout de la grotte, le seul moyen de retrouver la surface est de faire 20min en sens inverse!!!

Nous sommes émerveillés et nous poursuivons ainsi la journée vers Car Wash, un cenote en bord de route, anciennement utilisé par les chauffeurs de taxi pour laver leur voiture. Une fois les bouteilles sur le dos et avant la mise à l’eau, nous apercevons, assez proche de nous, un alligator à la surface. Notre guide nous invite à aller rapidement à l’eau pour le suivre. Nous savions qu’il était possible d’en voir un dans cette cénote mais nous n’avions pas imaginé pouvoir nager avec lui. Ainsi, sous l’eau, à deux mètres en dessous de lui, nous le suivons tranquillement. Il mesure un peu moins de deux mètres et nous avons conscience de vivre quelque chose d’unique. Il s’arrête sur le bord de la cenote, près de la végétation où se trouve une petite tortue marine. Dans un coup de queue puissant, il disparaît dans l’eau trouble pour chasser la tortue, en vain. Nous poursuivons ainsi notre plongée dans la partie visible de la cenote. C’est un véritable jardin japonais aquatique. Des poissons colorés se baladent tranquillement au milieu des racines de lotus faisant surface, 4 mètres plus haut. L’univers est féerique et nous hallucinons de la beauté de ces fonds. Nous continuons notre route vers la partie sous-terraine de la cenote, dans une grotte ayant servi, il y a quelques dizaines de milliers d’années, de caverne à nos ancêtres. Nous cheminons ainsi pendant 25 min, guidés par nos lampes, dans ce refuge aujourd’hui immergé. La cavité est énorme et nous imaginons la vie qu’il pouvait y avoir ici auparavant. C’est vraiment une chance incroyable de pouvoir vivre ce genre d’expérience et, à mesure que nous avançons, nous savons que nous sommes en train de vivre une de nos plus belles plongées. Le contraste entre la nuit de la caverne et la lumière bleue-verte qui se dégage de l’entrée nous laisse rêveurs et nous enregistrons ces images en nous pour le reste de nos vies.

Nous poursuivons ensuite 5 min dans le jardin aquatique avant de refaire surface et s’exclamer de joie. Nous sommes abasourdis de tant de beauté et pendant que nous retirons nos combinaisons des petites tortues noires et jaunes viennent au bord du ponton et rajouter de la magie à quelque chose de déjà exceptionnel. Nous nous rinçons dans cette eau fraiche et cristalline, conscient que ça sera sans doute la dernière cénote que nous visiterons. L’apothéose finalement.

Avant de reprendre la route, notre pirate nous invite à fumer sa pipe électronique de weed. Anthony accepte et après trois inspirations, se retrouve à cracher comme jamais par dessus la porte de la voiture. Le guide en fait de même et les effets sont instantanés. Nous rentrons, complètement émerveillé et un peu sur un nuage. Nous le questionnons donc sur la consommation de cannabis au volant et il nous explique que les policiers ferment les yeux. La raison est simple et intéressante : les touristes viennent ici pour passer le peu de temps de vacances qu’ils ont, pour se relaxer et se recharger avant de retourner à leur vie. Les excès faisant partie aussi des vacances et des choses permises dans le Yucatan, les policiers les laissent faire, dans la mesure du raisonnable. Sanctionner ce genre de pratique risquerait de faire perdre l’attrait de ce lieu assez marginal et libre de toutes conventions sociales et de lois restrictives. Un paradis donc pour américains stressés et pour les locaux qui vivent ici.

Le jour suivant nous rejoindrons Melo et Robin dans leur hôtel luxueux pour manger un tajine préparé par Zineb et offert en échange d’une session de Waterflow. Zineb est marocaine et est arrivée au Mexique suite à la vision d’une guérisseuse argentine rencontrée au Maroc qui lui a dit  » toi, tu dois partir vivre une retraite spirituelle de 40 jours au Mexique, car tu es, toi aussi, une guérisseuse et tu dois trouver tes réponses là bas. ». Elle ne l’a d’abord pas pris au sérieux et puis, quelques semaines plus tard, la vie lui a offert les moyens financiers de partir, de trouver le courage d’affronter les réactions de sa famille et de franchir le cap. Elle est donc ici, sur la fin de son séjour où elle a pu expérimenter plusieurs approches thérapeutiques et spirituelles et elle comprend aujourd’hui pourquoi elle devait venir ici… Guidée par son destin et sa mission d’âme, elle se nourrie de possibilités nouvelles et révolutionne sa vision de la vie. L’Amérique latine est vraiment une terre mystique. Nous poursuivons la soirée entre français autour de bouteilles de vin et rejoins par Clément et Liv et par Elsa, une ancienne colocataire de Cristel à Toulouse et une amie à elle.

Les jours suivants Anthony partira donner 6 sessions de Waterflow, à Zineb, Melo, Robin et d’autres personnes inspirées par cette thérapie aquatique. L’occasion d’approfondir la pratique et voir concrètement les bienfaits immédiats qu’elle procure. Des visions naissent chez certains, des bilans se font, des peurs se dépassent, dont celle de l’eau pour les deux mexicains traités, assez courante en Amérique latine. L’eau est un élément magique et cette pratique confirme à Anthony sa volonté et son pouvoir d’accompagner les autres dans leur dépassement et développement personnel. Magique encore…

Nous partons finalement rejoindre Cancun pour passer nos derniers jours. Même si nous avons détesté cette ville lors de notre arrivée il y a trois mois, nous devons y retourner pour préparer notre sortie du continent et Anthony a RDV pour finir son projet de recouvrement de tatouage. Nous trouvons donc une maison partagée, équipée d’une belle piscine, où nous vivrons pendant 10 jours en collocation avec des mexicains, un espagnol et un canadien, tous digital nomads.

Anthony passera 4 jours complets avec son tatoueur, rencontré sur Holbox, pour construire la suite de son projet au bras et le recouvrement de son tribal. Il passera finalement 20h sous l’aiguille en trois jours et se fera même tatouer par deux artistes en même temps. La douleur est vive mais l’expérience et les échanges sont incroyables et annihilent la souffrance ressentie.

Une fois cette expérience et ces moments de folie partagés ensemble, nous finirons finalement, non sans mal et sans galère logistique, à prendre nos billets pour sortir du pays. Nous pouvons enfin souffler et profiter de nos derniers moments au Mexique et en Amérique Latine. Quelle ironie de finalement passer près de 2 semaines dans cette ville qui nous avait tant repoussé à notre arrivée. Nous y avons développé une petite vie de quartier, aidés par la localité de notre logement, et y avons découvert plein de restaurants sympas et même des coins de jungle au milieu de la ville, illustrant, bien que tristement, les vestiges d’un temps passé. Anthony recevra un vieil ami d’enfance, de primaire, avec qui il avait eu une relation forte mais que le temps et l’espace avait éloigné. Morgan et sa chérie Mexicaine, Caro, passerons donc 3 jours avec nous dans l’appartement à refaire le monde et partager des moments simples mais riches. Ils sont ici pour monter leur entreprise de toits végétaux dans le nord du Mexique et profite d’un peu de répit pour prendre des vacances dans le Yucatan. Quel bonheur de voir comment les vies évoluent et se rapprochent en temps voulu pour renouer un lien fort, presque comme avant, avec 20 ans d’écart.

Anthony repartira finalement sur Holbox 3 jours pour suivre son tatoueur afin de finaliser pendant 4 heures encore, son tatouage, qui se termine enfin, après 37h de travail entre la Colombie et le Mexique. L’occasion de retrouver les hamacs du Kin Camping et l’ambiance douce de ce lieu. Cristel passera ces derniers jours dans un hôtel au centre de Cancun, le temps de quelques emplettes et de jolis moments de connexion avec les résidents. Nous nous retrouvons pour nos deux derniers jours au Mexique, le temps de passer un moment avec les copains rencontrés entre le Guatemala et le Mexique et prendre le temps de se reposer avant les 38h de voyage qui nous attendent.

Le dernier soir, nous repartons, une fois de plus, sur la place de las Palapas pour y manger une tortas, une crêpe et des churros. L’ambiance familiale est toujours la même, la musique est présente et les enfants continuent leur jeu que eux seuls peuvent vraiment comprendre. Nous sommes assis sur un banc et nous réalisons enfin que cette vision sera notre dernière du Mexique et de ce continent magique et merveilleux.

Les larmes montent et nous réalisons que ce que nous vivions depuis plus d’un an, ce que nous prenions comme normal et naturel, comme notre vie quotidienne, arrive désormais à sa fin. L’Amérique latine aura bercé nos âmes sur 7 pays et a travers des expériences que nous ne pouvions même pas imaginer vivre. 1 an c’est peu et c’est long à la fois. Le temps de s’attacher et se sentir déchiré, le temps de se connecter à une nature sauvage et enchanteresse, de se dépasser personnellement et collectivement, le temps de rencontrer des centaines de personnes qui nous auront inspiré, fait grandir, le temps de trouver en soi les ressources d’une résilience, de trouver une nouvelle médecine et par extension le temps d’approfondir et affiner notre spiritualité, le temps de prendre le temps pour aller vers des choses plus grandes que soi, le temps d’aimer chaque être vivant croisé sur nos routes, le temps de s’émerveiller et celui de se révolter, le temps d’être simplement soi-même, ouvert et tolérant pour rencontrer les autres, le temps de révolutionner nos vies et marquer nos corps, le temps d’être reconnaissant pour la vie et ses merveilles, le temps de penser à nos proches et ressentir un manque, le temps de se sentir suffisamment loin pour ne plus ressentir d’appartenance particulière et se remettre à la route, aux rencontres et au vent, le temps de concevoir que la vie est un cadeau qu’il nous faut honorer et préserver, le temps de se rendre compte que nous avons toutes les clefs en nous pour construire la vie que nous voulons vraiment vivre, le temps simplement de se rendre compte que seul l’amour et la bienveillance peuvent nous permettre de marquer notre passage et laisser des empreinte sur l’éphémère, le temps finalement d’aimer le monde comme il est y d’y trouver sa place.

Encore un dernier regard silencieux sur cette place, sur ces gens, sur ce qui fut notre quotidien, encore une dernière oreille tendue sur cette belle langue, encore une dernière image à embarquer avec soi avant, non sans mal, de retourner à l’hôtel pour notre dernière nuit.

Pour la ultima vez, Hasta luego !

Antho & Cris

Pour découvrir nos plus belles photos, cliquez-ici !

27 septembre 2021 – 19 octobre 2021

Nous laissons derrière nous le lac Atitlan afin de nous rendre à San Jose Calderas, où nous retrouvons notre amie Tine et le guide qui coordonnera notre ascension sur le volcan Acatenengo. C’est chez lui que nous nous restaurerons et que nous passerons la nuit avant d’entamer notre ascension. On nous prévient que la rando ne sera pas facile alors nous tentons de nous y préparer mentalement.

Les premiers kilomètres se font dans des tranchées entourées de champs de maïs et se poursuivent sur de petits sentiers bordés de buissons fuchsias. Dans un décor brumeux et poétique, des arbres libres et solitaires apparaissent un à un dans les prairies clôturées avant de devenir de plus en plus nombreux. Heureux de retrouver ces forêts de nuage aux allures de jungle tropicale, nous nous extasions face aux fougères, aux lianes et aux racines trop prétentieuses pour se cacher sous terre. Nous ne croisons pas grand monde sur notre chemin mais à notre immense surprise nous reconnaissons quelques visages : la famille Mazel ! L’excitation de se retrouver là par hasard est intensifiée par l’expérience qu’ils viennent de vivre et par celle qui nous attend. Ils nous racontent les larmes de joie qui ont coulées alors qu’ils étaient au sommet saisis par la puissance du lieu et fiers de l’effort accompli en famille. Nous les laissons savourer leur descente alors que plusieurs kilomètres nous attendent encore.

A la sortie de la forêt, nous quittons les nuages pour traverser une grande zone où les arbres sont dénudés, probablement ravagés par une tempête… Une zone où seules les fleurs témoignent d’une résilience. C’est dans ce décor post apocalyptique que nous entendons pour la première fois El Volcan de Fuego gronder. Le ciel n’est pas suffisamment dégagé pour que nous puissions le voir, mais il est proche et impossible de l’ignorer… Il manifeste sa présence toutes les 10 à 15 minutes. Si la marche n’a pas été aussi difficile que ce qui nous avait été annoncé, nous sommes soulagés d’atteindre le camp de base qui, situé au-dessus des nombreux camps installés sur l’Acatenengo, nous garantit la meilleure vue sur el Volcan de Fuego. En effet, l’Acatenengo culmine à 3976 mètres d’altitude et nous devons être à 3600 mètres. Nos sacs à peine posés, les nuages se poussent en guise de récompense et nous offrent notre premier spectacle sur le volcan le plus actif d’Amérique centrale. Bien que régulières et rapprochées, ses éruptions de cendres nous surprennent à chaque fois et nous vivons chaque explosion comme un cadeau de plus. Très rapidement la chaleur du soleil laisse place à la grêle. Était-ce une démonstration de force de Mère Nature ? Sans aucun doute et nous savions qu’elle n’en resterait pas là. Réfugiés dans nos tentes, nous nous laissons bercer par le fracas des grêlons qui rebondissent sur la bâche, les menaces du tonnerre et les rugissements du Fuego. El Fuego est un volcan de subduction signifiant qu’une plaque tectonique océanique a buté sur une plaque continentale et a entrainé la première à s’enfoncer sous la seconde. Les frottements et la surpression ainsi créés entraine l’accumulation de magma dans des réservoirs. A la différence du Piton de la Fournaise à La Réunion qui est posé sur un point chaud créant une fusion de la roche de surface et donc des effusions, El Fuego, lui, connait des éruptions explosive depuis 2002 dû à la pression de ses chambres magmatiques.

Nous sommes réveillés, quelques heures plus tard, par l’appel des guides : « ¡mira! ». Nous ouvrons alors la tente en prenant soin de rester emmitouflés dans nos duvets. La tempête s’est arrêtée laissant derrière elle un désordre de couleurs. Le genre de chaos qui vous serre la gorge et rend vos yeux humides. Le soleil une fois endormi, el Fuego, infatigable, crache toujours ses entrailles que nous voyons à présent rouge sang. Installés autour du feu nous vibrons immobiles à chaque éruption. Les quelques mots échangés sont là comme pour nous assurer que tout ça est bien réel.

En murmures, nous faisons la connaissance de nos compagnons d’aventure : une mère et son fils de 14 ans, suisses allemands en voyage depuis plus d’un an eux aussi et un jeune couple d’Indiens vivants aux Etats-Unis et en vacances dans ce pays merveilleux, nourrissant et surprenant. A 21h, nous décidons de profiter que le ciel soit dégagé pour nous approcher du cratère del Fuego. L’indienne, n’ayant pas de chaussures de randonnée, part en sandales et sans frontale alors que la suisse allemande, étant en mauvaise santé, peine à se déplacer, ce qui nous oblige à adopter un rythme très, très lent. La mère fera finalement demi-tour laissant son fils et ses chiens partir avec nous. Nos corps sont fatigués mais l’excitation d’être aussi proches d’une éruption porte nos pas. Alors que 30 mètres nous séparent de notre arrivée, nous sentons le sol trembler avant de voir ce puissant crachat partir dans les airs dans un bruit assourdissant. De quoi donner aux plus fatigués d’entre nous le courage d’accélérer le pas.

C’est ainsi que nous arrivons au point le plus proche autorisé, soit à 300 mètres du cratère. Mais une fois installés face à lui, nous sommes encerclés d’un brouillard épais ne nous laissant rien voir à plus de 20 mètres. Nous sommes à 3400m d’altitude, aucun arbre n’est là pour nous protéger du vent et contrairement à ce qu’on pourrait l’imaginer, même si proche du cratère, il ne fait pas chaud sur un volcan. Alors nous enfilons les couches et attendons en silence que la vue se dégage à nouveau. Au bout de 15 minutes d’attente, l’ado demande à redescendre craignant que ses chiens ne meurent de froid, ce qui étaient peu probable. Le guide lui avait dit de ne pas les emmener et voilà qu’il veut interrompre le moment que nous attendions tous. De toutes façons la visibilité rendrait la redescente trop dangereuse. La tension est palpable et nous supplions mentalement les nuages de s’en aller, nargués par les vibrations fracassantes des éruptions. Une heure plus tard, forcés par les caprices de l’ado, nous redescendons de quelques mètres partagés entre espoir et résignation. Alors que cette dernière l’emporte et que nous sommes sur le point d’entamer la redescente, nous sommes surpris par le feu qui jaillit sous nos yeux. Les nuages nous laissent du répit et nous avons alors la certitude que la Pachamama joue avec nous. Emus par ce don, nous nous laissons aspirer par ce spectacle où l’improvisation est maître. Pour le bouquet final, elle nous propose une composition originale où le magma transperce les nuages dans un jeu de résonnance et de transparence. Le cœur débordant de gratitude, on s’incline.

Il est 2h du matin lorsque nous rentrons au camp de base, exténués. Nous restons un peu autour des braises chaudes, face à ce cratère en feu à présent totalement découvert… Durant nos quelques heures de sommeil, tel un réflexe ou une addiction, nous sortons nos têtes de la tente dès que retentit une grande explosion. A 5h du matin, impossible de rester enfermés alors que l’aurore offre de nouvelles lumières sur l’horizon. Nous découvrons un territoire stupéfiant où se dégage l’océan, des villes, des déserts et des rivières, des montagnes et des plaines et un nombre extraordinaire de volcans aux formes parfaites.

A notre gauche, l’imposant Volcan de Agua, plus petit de 3 mètres que son voisin El Fuego et inactif depuis plus de 10 000 ans. Son nom vient d’une violente coulée de boue provenant de son sommet qui a totalement décimer la 1ère capitale du Guatemala établit par les conquistadors au XVIe sièc9le, qui fut ensuite déplacée à Antigua, puis à Guatemala City. Nous visualisons le chemin parcouru durant la nuit et réalisons à quel point nous étions proche des explosions. Emus tous les trois d’avoir partagés cette expérience unique, nous jetons nos derniers regards sur ces nuages de fumée avant de redescendre sous un ciel parfaitement bleu.

Ressourcés par l’énergie du volcan et épuisés par l’effort et la nuit quasi blanche, nous arrivons dans un petit hôtel du centre-ville d’Antigua. Une fois de plus, avec une grande surprise, nous découvrons que nos voisins de chambre sont Manuela, David, Alex et Léo ! La famille Mazel est un bel exemple qu’il est non seulement possible de voyager avec des enfants mais aussi que le voyage est si bénéfique pour eux ! Nous les avions rencontrés aux premiers jours de leur périple, à Holbox, et à présent, un mois plus tard, nous constatons déjà une transformation dans l’assurance, l’éveil, la curiosité, les savoirs, l’autonomie… Le pouvoir du voyage est incroyable!

Nous passons ainsi 3 jours à Antigua à apprendre à les connaitre davantage et à découvrir cette petite ville coloniale. Nous reconnaissons sa structure qui, comme beaucoup de villes coloniales d’Amérique latine, est dite hippodamienne ; elle est constituée de rues qui se croisent en angle droit autour d’une place centrale arborée et très vivante. Les habitations sont basses et colorées et les édifices sont élégants. Nous croisons quelques ruines de charme témoignant des tremblements de terre de 1773. Une ville unique qui laisse apercevoir depuis ses rues pavées, l’intarissable Volcan de Feu, qui, moins d’une semaine après notre ascension, générera une éruption provoquant une coulée de lave de 6km… La plus forte depuis 2018 qui avait fait 215 morts et autant de blessés.

Nous quittons ce territoire vibrant en colectivo pour nous rendre à Lanquin… Un long trajet où nous passons par l’immense et peu attrayante Guatemala City puis par ces décors verts et sauvages. Lanquin n’est qu’à 380m d’altitude et a pourtant des airs de montagnes avec ses routes sinueuses et ses dénivelés. Un tuktuk nous dépose à Vista Verde, un de ces hôtels du coin qui semble avoir privatisé une colline entière pour y poser sa piscine et quelques cabanes.

Entourés d’une nature abondante nous profitons de ces espaces pour nous ressourcer et avancer sur nos projets en nous délectant de quelques burritos végétariens. Nous faisons la rencontre de Melissa, la gérante de l’hôtel. Melissa fait partie de ces personnes que l’on aurait aimé interviewer mais que nous avons finalement gardé pour nous, pour nos souvenirs. Cette femme est l’incarnation du mot Amour, de la simplicité et de la persévérance. Elle nous raconte comment, vendeuse de légumes dans la rue, elle a appris l’anglais puis s’est convertie dans le tourisme. Elle nous parle de son désir d’apprendre à présent le néerlandais et l’hébreux. Elle parle de sa foi en Jésus et de son crucifie accroché au-dessus de nos têtes qui la protège et protège cet établissement qui a connu un évènement qui aurait pu être tragique. Il y a un et demi, la foudre s’est abattue sur l’hôtel créant un incendie destructeur. Par chance ou par miracle, nous étions au début de la pandémie et, l’hôtel ayant fermé ses portes, personne n’était présent. Melissa nous parle avec émotion d’une amie qu’elle a rencontré ici il y a peu, et nous montre fièrement un collier qu’elle lui a offert. Nous réalisons alors qu’il s’agit de Manuela ! Nous sommes émus en pensant à la beauté des rencontres et de l’impact que l’on peut avoir sur les gens, même si l’on n’est que de passage…

Si nous sommes à Lanquin c’est avant tout pour nous rendre dans l’aire protégée de Semuc Champey, qui signifie en maya « là où la rivière se cache » … Nous nous hâtons de descendre de l’arrière du pick-up pour devancer les quelques autres touristes et nous empruntons le sentier aménagé qui traverse une épaisse forêt subtropicale pour atteindre le mirador. Nous avions peur que le ciel gris empêche la magie d’opérer mais c’est avec grande émotion que nous découvrons cette vue digne d’un conte de fée : entre une falaise mangée par une végétation luxuriante et la jungle, se dégage une série de piscines naturelles turquoises. Alimentés par la rivière Cahabon, ces bassins ruissellent sur 350m sur une pierre riche en calcaire leur donnant cette couleur extraordinaire.

Avant de redescendre les 700m qui nous séparent de cette eau, nous prenons le temps de nous imprégner de cette forêt humide et luxuriante. Après quelques instants en silence, nous voyons au-dessus de nos têtes s’approcher nos amis les singes-hurleurs. Aucunement perturbés par notre présence, ils sautent de branche en branche, font une sieste et vont même jusqu’à copuler. Nous avons alors la sensation de vivre un documentaire animalier, en pleine immersion. Arrivés au niveau du premier bassin nous sommes d’abord surpris par le peu de personnes présentes. Alors qu’avant le COVID chaque piscine naturelle comptait minimum 100 baigneurs, nous devons être 10 maximum par bassin. De quoi profiter de cette eau à 25°C qui ne manquent pas de coins pour se caler. Nous restons un moment assis, les pieds dans l’eau, laissant les petits poissons se délecter de nos peaux mortes. Une petite cascade sépare chaque piscine permettant aux plus aventureux de sauter de l’une à l’autre ou de se laisser glisser. Un lieu enchanté dont nous nous nourrissons avec les yeux durant des heures, et que seule une pluie torrentielle nous forcera de quitter.  

Après deux colectivos et un tuktuk, nous voilà arrivés sur l’île de Flores au milieu du 3ème plus grand lac du pays, le lac de Peten Itza. Si les indigènes l’appelaient « Noj Peten », soit « Grande Ile », nous nous rendons compte, dès notre première visite, que nous pouvons en faire le tour très rapidement. Pittoresque et colorée, elle est truffée de petits hôtels et restaurants de charme, comme le fameux hôtel Los Amigos où nous dégustons de délicieux plats et cocktails dans un décor unique. Une petite barque nous dépose à San Miguel où nous trouvons une jolie plage où l’eau du lac est étonnamment chaude. Un petit sentier dans une forêt bien gardée par des singes-hurleurs qui n’hésitent pas à nous pisser dessus pour nous effrayer et marquer leur territoire, nous mène à un petit mirador perché dans un arbre qui nous donne une vue à 360° sur le lac et notre île de Flores. Une fois de plus, c’est une pluie tropicale qui s’abat sur nous sur le chemin du retour alors que la nuit tombe dans la forêt.

A 60km de là, se trouve une cité perdue dans une jungle de 570km², Tikal. A peine le pied posé sur le chemin balisé et voilà qu’un…deux…trois toucans nous passent devant alors que les agoutis grignotent sur le bord. La jungle nous impressionne, comme toujours, et nous découvrons, non sans exclamation, l’arbre emblématique du Guatemala ; le Ceiba, un colosse de plus de 40m de haut. C’est l’arbre le plus grand que nous pouvons trouver dans la région qui fut occupée par les Mayas. Il symbolisait pour eux l’axe du monde et fournissait une voie de passage aux esprits des morts qui pouvaient l’emprunter pour monter du niveau inférieur aux divers niveaux célestes.

Après plusieurs minutes de marche dans la jungle, nous arrivons à la Grande Place, composée de temples et d’acropoles majestueux et mesurant plus de 50m de haut. Tikal est un de ces lieux où la magie opère immédiatement ; le monumentalisme des lieux, le mystère qui entoure les édifices et la nature qui nous encercle produit en nous une impression souveraine de calme et d’humilité. Comme a dit Lloyd Stephens en 1839, après avoir découvert les premiers temples cachés depuis plus de 1000 ans : « Aucune parole ne saurait rendre l’impression des monuments dressés dans les profondeurs de la forêt vierge tropicale, silencieux et solennels, d’une composition étrange, d’une excellence sculpturale, riches en ornements, distincts de l’œuvre de n’importe quel autre peuple, dont les usages, les buts et l’histoire sont complètement inconnus, parsemés d’inscriptions, qui expliquent tout, mais sont parfaitement inintelligibles ».

Tikal ou Ti Ak’al, qui signifie trou d’eau, est en effet un des plus grands sites archéologiques et centres urbains de la civilisation maya. Après des moments méditatifs à observer cette place de plus de 200m de long et découvrir des stèles représentant les figures du pouvoir du lieu, nous arpentons la jungle pour nous rendre au temple numéro 4, le plus haut du site et aussi la plus haute pyramide de l’époque précolombienne des Amériques. D’en haut, nous pouvons admirer l’étendue de cette jungle sauvage et découvrir, ici et là, le sommet de quelques temples-pyramides qui dépassent de cette immensité verte. Une véritable merveille.

Le long de cette journée, sans doute notre dernière dans la jungle avant de quitter l’Amérique latine, nous avons pu rencontrer des coatis, un renard gris, des singes araignées et autres animaux qui ont su serrer nos cœurs durant toute cette année parsemée de moments incroyables dans des forets primaires. Et comme pour nous dire adieu, où plutôt à bientôt, à la sortie du site, des dizaines de toucans viennent voler autour de nous…

C’est ainsi profondément émus, émerveillés et enrichis culturellement que nous quittons l’île de Flores et donc le Guatemala pour nous rendre à nouveau au Mexique afin d’organiser la fin de notre séjour de plus d’un an en Amérique latine. Dans le colectivo, nous ferons la connaissance de Marion et Arnaud, un couple de voyageur français inspirant qui nous permettra de passer les 6h de route sans remarquer le temps qui passe. Le cœur est lourd mais rempli de gratitude, de reconnaissance et de doux souvenirs, naturels comme humains. Merci…

Hasta luego !

Antho & Cris

Pour découvrir nos plus belles photos, cliquez-ici !

 15 septembre 2021 -26 septembre 2021

La Mesia. Notre première frontière terrestre traversée depuis le début de notre périple. Nous aurions aimé en traverser davantage mais le COVID ayant fermé la plupart des frontières terrestres nous avons été contraints de privilégier les voies aériennes. De sa rue principale, notre première ville guatémaltèque ressemble surtout à un grand marché où seuls les tuk-tuks circulent. A peine munis de Quetzales, nous en chopons un pour rejoindre la gare routière à quelques mètres de là… le temps d’observer cette nouvelle monnaie qui porte le même nom que l’oiseau symbole national du Guatemala. Les longues plumes turquoise de sa queue étaient en fait utilisés par les mayas comme monnaie ! Finalement, on nous arrête en plein milieu de la route pour nous faire monter dans un immense bus bariolé. C’est ce qu’on appelle en Amérique centrale, un Chicken Bus. Il s’agit en réalité d’anciens autobus scolaires nord-américains quelques peu améliorés : couleurs vives, klaxons aux mélodies exubérantes, leds, sono, stickers, statuts de Jésus et autres grigris. On les appellerait ainsi en raison des nombreux animaux que les passagers transporteraient dans ces bus… En ce qui nous concerne, nous n’avons pas vu à proprement parlé d’animaux mais nous avions davantage l’impression d’être nous-mêmes du bétail transporté. Le bus surchargé persiste à s’arrêter prendre de nouveaux passagers alors qu’il roule de plus en plus vite, n’hésitant pas à doubler dans les virages. Nous comprenons à présent pourquoi la protection divine est primordiale. Mais d’autres bus ne devaient pas avoir les amulettes nécessaires car au bout de plusieurs heures de route, nous nous retrouvons bloqués face à un accident qui vient tout juste de se produire entre un camion et un chicken bus. Les passagers sortent un à un de ce dernier, ensanglantés, alors que le chauffeur du camion semble être coincé dans son véhicule. Nous sommes tout de suite rassurés, il n’y a pas de mort, « juste » des blessés légers et des traumatisés. A l’arrivée des premiers secours, le chauffeur du camion trouve finalement le moyen de s’extraire avant de prendre la fuite en boitant. Personne ne le rattrape et nous quittons cette scène étrange pour rejoindre un autre itinéraire quelque peu bancal. Nous traversons alors des zones d’éboulements non sécurisées avant de passer une nuit-étape à Quetzaltenango.

Lire la suite

Holbox nous aura laissé une telle marque que nous flotteront pendant quelques jours en se rappelant les personnes rencontrées, les moments passés et l’état d’esprit global auquel nous nous sommes connecté. Pour se changer les idées et véritablement découvrir les richesses de ce pays, nous déambulons dans les rues de Vallaloid. Une ville coloniale, des maisons colorées, une chaleur écrasante dans un environnement tropicale. Nous voilà au cœur de la région du Yucatan.

Lire la suite

Description :

Camping offrant une petite douzaine de tentes équipées de ventilateurs, prises et lumière, proche du centre-ville et des plages sur l’île d’Holbox (Mexique).

Etat d’esprit :

Le camping a ouvert ses portes peu de temps avant le Covid mais le lieu semble déjà être doté d’une identité et d’une ambiance qui lui est propre. La cuisine et la petite cours intérieure contribuent à l’atmosphère chaleureuse et conviviale. Chaque client prend rapidement le statut de colocataire et se voit adopter lui aussi le rythme ultra chill qui règne dans le coin ! Les journées se passent dans un hamac ou autour d’un jeu de société et les soirées autour d’un bon repas partagé. Damien le propio (un français expatrié) a à cœur de préserver cette ambiance familiale dans ses projets d’agrandissement du camping…

Temps de travail et contrepartie :

3h de volontariat par jour et par personne (plages horaires différentes), 6 jours par semaine. Possibilité de regrouper les heures afin de bénéficier de journées entières libres.

Logés dans une tente.

Tâches et missions accomplies :

  • Accueillir les clients à leur arrivée ;
  • Assurer les check-in et les check-out ;
  • Veiller à la tenue des parties communes ;
  • 1 fois/semaine : nettoyage des sanitaires pour l’un et nettoyage des tentes libérées pour l’autre ;
  • Gérer les locations de vélos ;
  • Participer à l’ambiance générale.

Les + :

  • La flexibilité et les libertés accordées par Damien ;
  • Les moments de convivialité avec les clients et les collègues ;
  • Le cadre incroyable.

Contacts :

https://www.facebook.com/Kin-camping-108691671017118

Whatspp : +529842392402

Après seulement quelques heures de vol, nous sommes accueillis par une chaleur moite plus dense que dans les jungles que nous avons visitées. Nous sommes à Cancun, au Mexique. Réputée pour son côté festif, notamment à l’occasion des Spring Breaks américains, nous avions décidé d’y passer quelques jours pour sonder cette partie là et savoir pourquoi les gens en parlent autant.

La navette nous dépose chez Mercedes qui nous explique vivre là depuis 40 ans, le temps de voir la ville dévorer la forêt en même temps que l’insécurité qui grandissait. « Avant personne ne fermait la porte à clé » explique-t-elle tout en nous montrant comment fonctionne la grille qui sépare sa terrasse du trottoir.

Il est presque minuit et malgré le couvre-feu imposé à 23h dans toute la ville, nous trouvons une rue animée où des camions proposent la spécialité locale : les Tacos. Alors que la viande a pris le goût des tripes, nous demandons une bouteille d’eau mais la seule boisson présente dans les frigos est le coca-cola. Nous constaterons chaque jour au Mexique que l’omniprésence du coca-cola dans ce pays en tête du classement morbide des pays frappés par l’obésité et le diabète n’est pas un mythe. Les Mexicains sont les premiers consommateurs de Coca au monde et représente 40% des ventes de la marque en Amérique Latine. Si l’eau potable est rare dans le pays, une bouteille de coca-cola coute moins cher qu’une bouteille d’eau dans certaine région, stratégie de la marque pour viser les consommateurs les plus pauvres. Une immondice lorsque l’on sait que pour fabriquer un litre de coca, 6 litres d’eau sont nécessaires. Mais ce soir-là, nous nous contenterons d’observer ceux qui récupère leurs tacos sans descendre de la voiture, ceux qui se disputent de façon théâtrale et les mariachis qui passent commande… un doux folklore.

Lire la suite